Pour
expliquer l'importance du jeu, trois théories sont communément
proposées.
La théorie de
l'apprentissage :
Le jeu est
utile au développement des acquisitions par la
répétition à travers des jeux d'adresse, de hasard, de stratégies,
etc.
La théorie cognitive :
Pour Jean
PIAGET, le jeu participe aux différentes étapes du
développement intellectuel de l'enfant (voir plus haut).
L'enfant
s'informe sur les objets et les événements, afin d'étendre ses
connaissances et son savoir-faire. Il va ainsi intégrer sa pensée à
l'action.
À la période
sensori-motrice (0 à 2 ans), l'enfant joue de façon «
concrète », il manipule les objets et bouge son corps.
À partir de
l'âge de 2 ans, quand il accède à la pensée symbolique de la
période préopératoire, l'enfant joue avec son esprit.
La théorie
psychanalytique :
Selon
FREUD, le jeu permet de résoudre certains conflits psychiques. Il va
détourner une partie de son énergie pulsionnelle vers les objets
extérieurs des jeux qui sont les substituts de l'objet aimé. Le jeu
apporte une gratification, il permet également à l'enfant de réduire des
tensions psychiques inhérentes à son développement.
C'est dans
son dernier ouvrage « Jeu et réalité » que WINNICOTT, s'appuyant
sur sa longue expérience de psychothérapeute, montre combien le jeu
contribue à un développement affectif réussi. Selon cet auteur,
le jeu est créatif et aboutit à des expériences culturelles.
Le jeu varie
en fonction du stade de développement de l'enfant. En observant ses
activités de jeux, on pourrait déterminer à quel stade il se situe.
Pour que
cela puisse être pris en compte dans les accueils collectifs de mineurs,
à tous niveaux, nous allons énoncer les différents types d'activités
ludiques (de jeu) et leurs rôles en suivant la chronologie proposée plus
haut qui reprend finalement les grandes étapes de développement de
l’enfant et de l’adolescent.
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Découverte
des sens :
En théorie :
Période sensori-motrice (PIAGET) qui correspond à la phase
prégénitale (FREUD).
En pratique :
Les jeux de découverte de soi et des autres.
Observons :
Le bébé commence par jouer avec les différentes parties de son
corps, les mains, les pieds, les yeux, il émet des sonorités. Lorsqu'il
est capable de tenir un objet, il va manipuler, triturer, mordiller,
jeter.
Les
jeux en écho :
L'enfant reproduit le geste que l'adulte lui a adressé, l'enfant échange
un objet, prend et donne.
Les
jeux du miroir, vers 18 mois :
En théorie :
L’enfant prend conscience de son corps avec beaucoup de jubilation.
Jacques LACAN (1901-1981), psychiatre et psychanalyste français
parle du « stade du miroir » comme un moment important dans la
constitution du « Je ». La perception de l'image totale de son corps va
amener l'enfant à parvenir au sentiment de l'unité de sa personne.
En pratique :
Les jeux et activités qui permettent à l’enfant de se représenter son
corps, d’en prendre conscience.
Les
jeux de nourrices :
(car ils sont souvent pratiqués au moment des soins effectués par la
nourrice)
En théorie : Ils consistent en des jeux répétés et attendus par
l'enfant.
Ce sont les premiers jeux qui permettent des interactions avec l'adulte
sans qu'interviennent les soins du petit enfant.
En pratique :
les jeux de sauts sur les genoux, les jeux de mains, les jeux de doigts,
les chatouilles, les jeux ritualisés.
Les
jeux de séparation et de retrouvailles :
En théorie : Ces actions entraînent des réactions circulaires qui
permettent, d'abord de constituer les habitudes puis, un peu plus tard,
de permettre au bébé de porter ses actions vers les objets extérieurs
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En pratique :
-
le jeu avec le doudou que l'on amène partout, pour mieux appréhender
les situations inconnues et qui facilite la séparation ;
-
les jeux du « coucou », de cache-cache : tous les jeux d'apparition
et de disparition de personnes ou d'objets permettent à l'enfant de
mentaliser la personne ou l'objet disparu. L'enfant peut la ou le
nommer en son absence. Ce type de jeux ouvre la voie au langage et à
la fonction symbolique. Sa pratique peut aller bien au-delà de 2
ans. D'autant plus que les enfants prennent beaucoup de plaisir à la
répétition de ces jeux où les rôles peuvent être intervertis.
Les
jeux de découverte des objets :
Ce sont les jeux de manipulations divers et les jeux de constructions,
de démolitions et d'agencements variés, etc.
Les
jeux musicaux :
Ces jeux sollicitent l'écoute et affinent la discrimination auditive. |
Les
jeux de « faire semblant » :
se développent bien en l'absence de l'adulte ; faire semblant de parler
au téléphone, de faire la cuisine, d'être le papa, d'être la maman, la
maîtresse, le docteur, etc., tous ces jeux, où l'enfant met en scène son
futur rôle d'adulte, vont lui permettre d'accéder à l'intelligence
supérieure de la fonction symbolique.
Les
jeux de « pas pour de vrai » :
l'enfant joue à être un héros de contes ou de feuilletons télévisés.
(Identification)
Les
jeux avec l'eau :
Tous les jeux de remplissage, de transvasement, de vidage des
récipients. Les jeux avec l'eau, pas seulement dans l'eau, où dans ce
cas l'enfant est l'objet de l'élément, mais les jeux où l'enfant se rend
maître des moyens d'arrivée d'eau, autour d'un bac.
Le tout
jeune enfant prend beaucoup de plaisir à cette activité qui apaise ses
tensions. Il peut jouer avec cet objet fluide, verser, éclabousser,
tester sa flottaison, sa densité de longs moments.
Un peu plus
grand, il peut en observant l'eau du robinet, la pluie, la neige, la
glace, établir un rapprochement et commencer à élaborer un premier
niveau d'abstraction et à comprendre que ces diverses réalités renvoient
à une même substance : l'eau.
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Les
jeux avec de la pâte à modeler / pâte à sel :
permettent à l'enfant l'expression de son monde imaginaire, mais
également, par la maîtrise de la matière, ces jeux participent à
l'évolution de son développement moteur, notamment de sa motricité fine
qui le prépare à l'acte graphique et donc très complémentaire de
l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Les
jeux avec des matières usuelles :
permettent à l'enfant d'agir sur la matière : il peut modeler, tailler,
morceler, couper, coller, assembler, transvaser, transformer, déchirer.
Ils permettent également de découvrir les propriétés des matières
usuelles comme : le bois, la terre, la pierre, le sable, le papier, le
carton, le tissu, etc.
Les
jeux vocaux, jeux d'écoute :
affinent les potentialités perceptives de l’enfant, développent sa
sensibilité, ses capacités d'expression. Ainsi tous les chants, les
comptines, les jeux musicaux, participent au développement des facultés
intellectuelles et vont aider à l'acquisition du langage.
Les jeux avec de la peinture,
jeux de dessin : amènent l'enfant à s'exprimer, ils ont une
fonction de langage et développent la fonction symbolique. Ils
développent aussi sa sensibilité. L'expression gestuelle et le jeu
moteur engagés par le jeune enfant, dans ce type d'activité, lui
permettent également d'évoluer sur le plan de son développement
psychomoteur, et d'acquérir des compétences perceptives motrices et
visuelles qui lui faciliteront la maîtrise des tracés de l'écriture.
Les jeux d'expression et
d'action du corps :
Tous les jeux qui permettent des
actions motrices élémentaires de locomotion : marcher, courir, sauter,
grimper, ainsi que les jeux :
-
d'équilibre ;
-
de manipulation : saisir,
agiter, tirer, pousser, etc. ;
-
de projection : lancer,
recevoir, etc.
De nombreux jeux permettent
d'exercer l'enfant à tous ces mouvements élémentaires possibles, ils
sont essentiels à son développement psychique. Le développement du corps
est étroitement associé au développement de l'intelligence. |